Logo du Rewisbique

1814-1816 Les conséquences de la bataille de Waterloo à Rebecq

Retour vers les liste des sujets liés à la Mémoire


Dernière mise à jour du site:
le 14/10/2022
site search by freefind advanced
avis
avis
avis
avis
avis

avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis
avis

Logo Rebecq
Avec le soutien de la commune de Rebecq

Préambule


Waterloo

En ce bicentenaire de la bataille de Waterloo, nous avons tous pu remarquer la parution d’une profusion d’ouvrages plus ou moins spécialisés traitant du sujet. Certaines communes du Brabant, plus ou moins fortement impliquées par le conflit de 1815, ont également célébré cet anniversaire par de nouvelles publications aussi intéressantes les unes que les autres, des expositions montrant des documents et pièces d’époque, de manifestations en tous genres, dont la plus fameuse fut sans conteste, par son ampleur et les moyens mobilisés, la reconstitution de la bataille, le 18 juin 2015.
Et dans villages de l’entité de Rebecq, dans cette affaire, que s’y est-il passé ? Nous avons peu de renseignements qui pourraient nous permettre de penser à leur implication étroite dans les événements. La situation géographique de Rebecq et Quenast, éloignée des lieux de confrontation des armées en présence, sa position décentrée, par rapport à la voie de grande communication (actuellement N7) a probablement permis aux deux communes de ne pas subir les effets désastreux résultant des combats.
Mais nous avons quand-même certaines indications précises démontrant qu’en tous cas, Rebecq a payé un tribut conséquent, en 1815, 1816 et 1817. S’il n’y a pas eu de batailles sur son territoire, le village a été quand-même le théâtre de la présence plus ou moins massive de troupes militaires sur son sol.
Nous avons retrouvé un document très intéressant qui nous autorise à comprendre ce que les citoyens rebecquois de l’époque ont pu subir. Il s’agit de la liste des personnes ayant hébergé des soldats. Elle commence le 6 avril 1815 et se termine le 18 janvier 1916. Qu’y trouve-t-on ? Les noms des villageois tenus d’héberger la soldatesque, le nombre d’officier, de sous-officiers et soldats, ainsi que celui des chevaux logeant chez eux, le nombre de jours de présence sur les lieux et enfin, l’origine des troupes.

 

Contexte historique

Une coalition d’états européens (la sixième) voit le jour en 1812. Elle réunit le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et l'Empire russe, rejoints plus tard par le Royaume de Prusse, puis par la Suède, l'Empire d'Autriche et un certain nombre d'États allemands. Cette coalition est destinée à combattre la France de Napoléon.
Ces conflits ont impliqué l’enrôlement de 2,5 millions de soldats et la perte de plus de 2 millions d’hommes dans les batailles de Smolensk, la Moskova, Lützen, Dresde et Leipzig. En 1814, Napoléon se retrouve dans l’est de la France. Il essaye de contenir l’avancée des coalisés qui tentent d’envahir la France. Mais, son armée n’est plus ce qu’elle était, il y a deux ans : les nombreuses pertes subies sur les divers champs de bataille, les unités restées en garnison dans les places fortes allemandes l’obligent à constituer dans l’urgence une armée constituée essentiellement de conscrits de 1814. Malgré les efforts consentis par les Français, les Alliés réussissent finalement à rejoindre Paris qui se rend sans combattre.
Le 1er avril 1814, les maréchaux de Napoléon Ney, Lefebvre, Berthier, Oudinot, Moncey et Macdonald enjoignent à l’empereur de cesser le combat. Finalement, Napoléon signe son abdication sans condition. On lui offre la souveraineté de l’île d’Elbe, où il débarque en mai 1814. Il y reste durant 300 jours. Ayant pris connaissance de la situation en France, de l’impopularité du roi Louis XVIII et de l’attachement d’une grande partie de la population à son endroit, il décide de revenir en France.
Dès son retour à Paris, une septième coalition se forme en toute hâte. Elle se compose du Royaume-Uni, de l'Empire russe, de l'Autriche et de la Prusse.
Après avoir tenté en vain de dissuader les Alliés d’envahir la France, Napoléon décide d’attaquer, avant que les coalisés n’aient le temps de renforcer leurs troupes respectives. L’endroit choisi sera la Belgique. Le 16 juin, se sera la bataille de Ligny et celle des Quatre-Bras, puis celle de Wavre et le 18 juin, la dernière : Waterloo.

Waterloo

«La bataille de Waterloo » par Andrieux


Dès le mois de janvier 1815, l’Empereur avait commencé la réorganisation dr ses troupes.

Il est directement confronté aux moyens financiers disponibles. Davout, le ministre de la Guerre et Gaudin, celui des Finances lui présentent l’état des finances de la France: sur les recettes, qui ne sont que de 618 millions de francs, seulement 1/3 est attribué au budget de la guerre. Or, Napoléon estime qu’il lui faudra 400 millions pour remonter son armée et conduire la campagne de Belgique. Napoléon charge Davout et Gaudin de s’employer à compenser la différence nécessaire en ordonnant des coupes dans le budget des autres ministères, d’organiser un emprunt obligatoire de 150 millions de francs et lever de nouvelles taxes, dont une sur les produits de luxe.

Le temps presse. Outre trouver les moyens financiers nécessaires à mener une bataille décisive, il faut également réorganiser l’armée, lui fournir tous les équipements dont elle a besoin. Il faut approvisionner les troupes d’armement (fusils, baïonnettes, canons, etc.), d’habillement (vestes, pantalons, souliers, havresacs, etc.), de chevaux, de harnachement et sellerie et de vivres. Il pourrait sembler qu’en six mois, ce serait une gageure de réunir tout ce matériel, mais, finalement, tant bien que mal, les Français arrivent à aligner un contingent de 150.000 hommes plus ou moins bien équipés.

Si les nations coalisées ont peut-être plus de moyens financiers, elles sont également contraintes à réorganiser leurs troupes, dans le même laps de temps.
Début juin 1815, la coalition comprend 700.000 hommes, Napoléon lui en oppose 124.000.

Waterloo Waterloo


Les tableaux ci-dessus, schématisent le nombre de militaires qui ont logé à Rebecq.
On peut y remarquer qu’avant les jours précédant la bataille, notre village a dû héberger 17 fois des soldats belges (Milice belge ou Milice Nationale, unie aux Hollandais), des Hollandais (2 x) et des Hanovriens (1x). Le 23 avril, 127 Hollandais débarquèrent et restèrent 17 jours dans la commune. Il n’y avait que deux chevaux accompagnant ces soldats, il s’agit probablement de chasseurs à pieds ou faisant partie de l’infanterie hollandaise. Les Rebecquois ont été durant cette période sollicités 524 fois.
Du 20 juin (cinq jours après la bataille de Waterloo) au 18 janvier 1816, nous dûmes affronter l’arrivée d’un nombre beaucoup plus conséquent d’hommes de troupes belges (17 x), hollandaises (8 x), Nassauviens (3 x) Brunswick (2x), Anglais (4 x), Prussiens (9 x), Danois (4 x) et en fin de compte, des Français dont 8 soldats ont été accueillis dans quatre foyers de la commune le 1er octobre 1815. Comment étaient-ils arrivés chez nous, ils étaient sensés rejoindre la frontière franco-belge et par conséquent, ils n’auraient jamais dû se retrouver à Rebecq? Mystère, étaient-ils perdus? Prisonniers libérés? Nul ne le sait…

Waterloo

Waterloo

Bons de réquisition de logements pour militaires à l'hospice de Rebecq


Lorsqu’on examine la liste des hébergements octroyés à Rebecq, entre avril 1815 et janvier 1816 (p. 31 & 32), on totalise 672 officiers, 7151 sous-officiers et soldats, 1857 chevaux à loger et nourrir pendant un total de 72 jours d’occupation. Au cours de cette période, les foyers de la commune ont été sollicités 672 fois. Les officiers et leurs ordonnances et chevaux, quand ils en avaient, étaient hébergés par les notables (Champagne, Dames hospitalières, Minne, Marsille, etc.); les sous-officiers et les hommes de troupe chez les habitants, en fonction de la place mise à la disposition des militaires. Les chevaux étaient souvent répartis dans les fermes; les hommes chargés de leur entretien logeaient au même endroit.

On remarque également une période d’accroissement soudain de la présence de militaires: du 24 novembre 1815 au 12 décembre 1815, il y a eu plus de 5000 soldats et plus de 1500 chevaux à loger et nourrir. C’étaient des Prussiens.

Il faut rappeler que la population de Rebecq s’élevait, à l’époque, à environ 2000 âmes (2020 habitants, recensement de 1817). On est en droit de se demander comment la population rebecquoise a pu réaliser la performance de nourrir autant d’hommes et de chevaux. troupes, tant en fourniture de munitions qu’en approvisionnement de vivres et boissons. Il était alors habituel que les soldats se servent « sur le pays ». Si au début de la campagne de Belgique, les Français achetaient aux habitants les denrées dont ils avaient besoin ou présentaient des ordres de réquisition en bonne et due forme, très rapidement, des méthodes moins « civiles » prirent le dessus et les villageois des lieux où apparaissaient les troupes subirent sans oser s’y opposer le pillage systématique de tout ce qui pouvait se manger et se boire. Les cultures sur pied étaient rasées, les maisons visitées de fond en comble afin d’y trouver des boissons alcoolisée, le bétail confisqué et abattu afin d’alimenter les hommes qui, la plupart du temps, étaient affamés. Et comme ils ne restaient pas longtemps sur place, tout était bon à prendre en prévision des jours suivants, où ils n’auraient pas la possibilité de s’approvisionner...

L’usage voulait que lorsque des militaire arrivaient dans un lieu où ils souhaitaient séjourner, ne fusse qu’une nuit, l’officier responsable se présentait à la Maison commune afin d’organiser le logement de ses hommes. C’est le secrétaire communal qui établissait la liste des habitants désignés à recevoir son ou ses militaires à loger; il remettait les bons de logement à l’officier qui les distribuait à ses hommes, ceux-ci les remettaient au logeur qui pouvait alors les échanger à la Maison commune contre une allocation financière dont le montant avait été fixé par le conseil communal.

Waterloo

Le placard communal du 21 mars 1817 (Archives Rewisbique)


Fin mars 1817, lorsque les habitants purent enfin présenter les bons de logement accumulés durant l’année 1815 et janvier 1816 afin d’être remboursés, ils eurent la surprise de trouver un placard qui avait été affiché à la Maison commune. On pouvait y lire:

« Nous, le Maire de la commune de Rebecq,
Vu la circulaire de Monsieur le Sous-intendant de Nivelles, en date du douze janvier dernier, qui nous trace plusieurs marches à suivre dans un moment où la misère se fait vivement sentir et va toujours en augmentant, telle que celles de me consentir avec les Ministres de la Religion, les Membres de l’age(nce) de distribution et de concert avec eux, chercher les moyens propres à diminuer les maux et à calmer les souffrances des malheureux, n’observant qu’il les accueillera tous avec intérêt et les appuiera près de l’autorité supérieure,
Ayant reçu des fonds pour frais de logement pour l’année 1815 des troupes belges et hollandaises, nous avons cru qu’on ne pouvait en faire un emploi plus convenable que dans l’achat des grains pour soulager la classe indigente du peuple dans ces moments pressants, comme cela s’est fait déjà dans diverses communes environnantes, en conséquence, nous avons converti ces fonds en achat de grains que nous avons déposés à l’hospice de cette commune pour en faire la distribution en pains et autrement.
Nous avertissons ceux des habitants qui ne voudraient point consentir aux mesures salutaire que nous avons prises pour soulager la classe malheureuse qu’ils peuvent venir à la Mairie sous quarante-huit heures, réclamer les frais de logement qu’ils ont supporté pendant l’année 1815, seulement pour les troupes belges et hollandaises et qu’ils soient munis de leurs billets de logement, ils recevront l’indemnité qui leur est accordée, passé ce temps, ils ne seront plus reçus à les réclamer et leur silence sera considéré comme un acquiescement aux mesures que nous avons prises.
Nous invitons tous les habitants charitables à désigner à Monsieur le Curé des cœurs honnêtes qui auraient besoin de secours, il leur sera donné à domicile.
La Mairie de Rebecq, le 23 mars 1917.
signé: Huet, Maire »

Epilogue

La campagne de Belgique, initiée par Napoléon eut un effet déplorable auprès de la population rebecquoise, et probablement de celle des autres communes qui reçurent la visite de la soldatesque tant française que coalisée. Les cultures ayant crû en 1815 auraient dues être engrangées en prévision de l’hiver suivant. Mais comme tout avait été raflé avant d’être même récolté, les habitants n’eurent plus rien à se mettre sous la dent dès la fin de 1815. L’hiver 1815-1816 fut particulièrement rude, et au mois de mai, un gel intense brûla les jeunes pousses de ce qui avait déjà été semé. Les arbres fruitiers connurent le même sort. L’été fut un des plus humides et pluvieux du siècle. On relève une grande famine qui a sévi de 1816 à 1817 dans toutes les régions du nord de l’Europe.

Voici ce qui a été relevé en Suisse, à cette époque:
- Hiver 1816: Très rigoureux, très humide, grand froid, jamais beau plus de deux jours de suite;
Janvier 1816: Très pluvieux à Bordeaux; 10 mars 1816: Encore 4 pieds de la neige à l’Auberson, la bise la durcit ensuite;
- Printemps 1816: Froid, déficit Paris mars –0.8, avril –0.8, mai –0,9très tardif, gelées, vignes perdues;
6 avril 1816: Encore beaucoup de neige gisante, après pluie et neige mélangés; 18 avril 1816: Toujours beaucoup de neige , circulation difficile; 27 avril 1816: Toujours de la neige, on utilise encore les traîneaux; 2 mai 1816: Toujours de la neige…les semailles ne commencent que le 7 mai…; 10 mai 1816: A nouveau de la neige avec de la pluie; 17 au 20 mai 1816: Première période de temps « favorable »; 21 au 24 mai 1816: Pluie en abondance
- Eté 1816: Très froid et pourri, récoltes désastreuses neige en juin et gelées en juillet en Nouvelle-Angleterre; moyenne 15.5° à Genève. Déficit Paris juin 2.2°, juil.3.5°, aout 2.8°, sept.1.6°. Inondations dans le Val-d’Oise. Vendanges les plus tardives, à la Toussaint;
6 juin 1816: Neige presque tout le jours, presque rien à manger aux pâturages; 18 juin 1816: Il reste de la neige à la Temille; fin juin 1816: Pluies continues, le 27 la neige descend très bas; 30 juillet 1816: Il a neigé à la Haute-Gîte la nuit; vers le 10 août 1816: Petite période de beau temps; 18 août 1816: A nouveau de la neige sur les crêtes, puis pluie froide tout le jour; 21 août 1816: Neige dans l’Est du Canada + gel; 21 au 26 août 1816: Brouillard fréquent et gelée blanche;
- Automne 1816: Très froid;
2 septembre 1816: Giboulée de grésil et de neige; 10-16 septembre 1816: Quelques jours de beau temps; octobre 1816: Gel. « Rien n’a échappé à la gelée ». « Les vignes ont gelé au cep »; 21 octobre 1816: Première neige d’automne; fin octobre 1816: Fréquentes pluies; 4 novembre 1816: Neige en quantité; novembre 1816: Fortes gelées, « tourbillons de neige ».

Sources:
Schoell Frédéric), Recueil de pièces officielles destinées à détromper les Français sur les événements qui se sont passés depuis quelques années, pièces relatives aux événements de 1815. Tome cinquième, Paris 1815. N° LXVII.
Bibliothèque Numérique Napoléonienne / Fondation Napoléon, www.napoleonica.org
Croyet Jérôme, Revue du Souvenir Napoléonien, n° 478 janvier-Mars 2009
Coppens Bernard, L’Histoire autrement, site www.1789-1815.com
Dictionnaire du Cultivateur, 1764, Seconde édition, Paris chez Savoye, 1794
Delvenne, Biographie du royaume des Pays-Bas, ancienne et moderne, 2vol., Liège, Desoer, 1828.
L’Éruption du Tambora en 1815, Wikipédia
Archives du Rewisbique
Rapports des Conseils communaux de Rebecq-Rognon, 1802-1828, Archives du Rewisbique

Waterloo

La première page de la liste des hébergements de militaires à Rebecq, en 1815 et 1816 est constituée de 134 pages remplies contenant chacune 30 entrées, ce qui totalise environ 4020 foyers ayant logé une ou plusieurs fois des militaires.. (Archives Rewisbique)

ligne

site search by freefind advanced
Revenir en haut de la page

contacts liens Plan du site Mentions légales

Le Rewisbique est soutenu par un mécénat émanant de la Brasserie LEFEBVRE de Quenast
La reproduction et la diffusion sous quelque forme que se soit, des textes, images et données présentés sur ce site
sont interdites sans l’ autorisation expresse des responsables de ce site.

Compte bancaire: BE21 1030 6973 6503

© Copyright "Rewisbique - asbl" - 2016, tous droits réservés
Logo Wilfred Burie Webmastering compteur pour site web gratuit sans pub