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Le sort des prisonniers italiens de Quenast
Les libérateurs à Rebecq et à Quenast
L’exil des Belges en Grande Bretagne


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le 14/10/2022
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Avec le soutien de la commune de Rebecq

Le sort des prisonniers italiens de Quenast

Dès le mois d’août de 1916, la direction de la carrière de Quenast avait décidé de ne pas obtempérer à l’ordre des Allemands de produire les matériaux nécessaires à l’entretien du front des combats. Les ouvriers s’étaient joints à ce choix de résistance.

Il faut préciser que le directeur de la carrière était également le bourgmestre de Quenast. Ce phénomène permettait aux habitant d'avoir l'avantage de ne payer quasiment aucun impôt local, l'entreprise compensant largement ce manque de rentrée par de substantielles donations financières. A la suite de cet fait, les autorités allemandes placèrent un nouveau bourgmestre à la tête de la commune, un certain Dubois, dont la seule action d'éclat fut de donner à l'occupant, une liste des hommes sans emploi déclaré aux fins de déportation. Quenast fut la seule commune de Belgique à faire ainsi. Après guerre, nous n'avons plus trouvé de traces de cet individu.

Fin février, l’occupant fait venir des prisonniers italiens pour remplacer les ouvriers quenastois. Ces pauvres gens sont parqués comme des bêtes dans les installations de l’entreprise et sont soumis à un régime d’une dureté inhumaine.

Malgré les pauvres moyens à la disposition des villageois de Quenast, ces derniers s’organisent pour donner le peu qu’ils possèdent à ceux qui ont encore moins qu’eux. Cet élan de générosité sera signalé par les autorités italiennes, à la fin de la guerre. Cette histoire est retracée par le Secrétaire communal de Quenast, dans sa lettre qu’il adresse aux Italiens de Bruxelles du 12 décembre 1918, dont nous reproduisons les trois pages ci-après.

14-18 à Rebecq

14-18 à Rebecq

14-18 à Rebecq

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Les libérateurs à Rebecq et à Quenast,
d'après le récit de Gaston Lefèbvre*

14-18 à Rebecq

Depuis quelques temps, la situation internationale évolue. Après la capitulation de la Turquie le 30 octobre et celle de l’Autriche-Hongrie le 4 novembre, une certaine nervosité s’empare des Allemands. Certains s’emparent de tout ce qu’ils peuvent trouver. D’autres mènent de longs charrois de matériel militaire et de charrettes pleines d’un butin hétéroclite volé en cours de route. Les exactions allemandes sont encore le lot de tous les jours, mais la rumeur d’une fin proche de ce conflit qui n’a que trop duré commence à se répandre. L’espoir renait dans le cœur de chaque villageois.

Chez les Lefèbvre, des officiers allemands réquisitionnent les pièces d’habitation pour leur usage personnel. Leur conduite indigne fait penser à une fin de règne. On a vu depuis le 8 novembre passer des hordes de soldats s’en allant, refusant d’aller au combat. Une incroyable pagaille règne au sein des troupes de l’envahisseur. Le dimanche 10, la nouvelle se répand: l’Empereur et le Kronprinz renoncent au trône. La révolte du peuple allemand gronde outre Rhin. Les occupants de chez les Lefèbvre vendent du beurre, du sucre, du saindoux avant de s’apprêter à décamper. Des aéroplanes alliés circulent de plus en plus dans le ciel. Les boches s’enivrent comme pour conjurer le sort. Les trains stationnés en gare de Quenast sont pillés. Les villageois se servent de denrées de toutes sortes.

Lundi 11. L’armistice est signé à 11 heures. Quelle joie et quel délire s’emparent de la foule de villageois rassemblés sur les places des villages. On pavoise avec ce que l’on peut trouver comme drapeau. Le soir de ce jour tant attendu, on fait bombance! A Rebecq, la musique sort dans les rues. Jamais on n’aura entendu jouer la Brabançonne tant de fois.

Mardi 12. Les Boches s’en vont. Il y a encore des échauffourées avec eux et les pilleurs de trains. Il y a des tués à Virginal. On entend des explosions retentir au loin : il s’agit des trains de munitions que l’on a fait sauter. Partout on attend avec impatience les Alliés. Nos souverains sont à Gand le 15 et on espère leur entrée triomphale à Bruxelles pour le 18.

Ce lundi 18 novembre, on annonce l’arrivée des Anglais pour midi. A 12 h 30, la cavalerie britannique fait son entrée à Quenast. La musique entonne les hymnes nationaux et le maïeur prononce un discours de bienvenue à nos libérateurs. Deux cents militaires anglais arrivent à Quenast. Ils sont accompagnés de 150 Gurkhas (soldats des régiments hindous) et de 700 chevaux. Tout ce monde s'installe joyeusement dans la commune. Des rondeaux sont organisés le soir. On danse et on rit. Tous participent à la liesse générale. Chez les Lefèbvre, les officiers britanniques ont remplacé les boches. La différence est énorme entre les occupants, leur supériorité et leur morgue et les libérateurs affables polis et serviables. Ils installent même l'électricité et le téléphone dans la maison! Tous s'emploient à s'entraider et cette atmosphère de convivialité et de joie débordante atténue le souvenir de souffrances et de misères endurées pendant quatre longues années de guerre. Tous les villages avoisinants vivent la même fête. Les salons (salles de bal) de Rebecq, Saintes et Bierghes sont bondés dès le début des soirées. Les militaires anglais s'emploient à leurs activités le matin et l'après-midi est en général consacrée à des matchs de football qui rassemblent des équipes de soldats et de villageois.

Les réveillons de Noël et de nouvel an se passent dans une atmosphère de paix retrouvée. Lentement, chacun essaye de reprendre ses activités. Le Major qui commande la troupe stationnée à Quenast s’en était retourné chez lui pour y passer les fêtes. On apprend qu’il a succombé à la maladie de la grippe espagnole qui fait des ravages là-bas. Des bals sont offerts par nos hôtes. Le dimanche, des séances de cinéma sont organisées à la Maison du Peuple.

14-18 à Rebecq

Outre le travail, les Britannique prennent le temps de savourer les coses de la vie...

14-18 à Rebecq

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Carnets de bal utilisés dans les fêtes organisées à l'occasion de la libération

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L’exil des Belges en Grande Bretagne,
d'après le récit de Gaston Lefèbvre*

14-18 à Rebecq

Plus d’1.500.000 civils belges avaient fui devant l’avancée allemande, tant en France, en Hollande qu’en Grande-Bretagne. Si les expatriés belges sont nombreux à revenir au pays, une fois le front stabilisé, dès la fin septembre, beaucoup opteront de rester dans leur pays d’accueil. Pour ceux qui avaient rejoint l’Angleterre, c’est contraints et forcés qu’ils doivent s’adapter à une situation d’exilés de longue durée, car il est devenu illusoire d’essayer de revenir en Belgique par la mer, les moyens de transports étant réquisitionnés en priorité pour l’approvisionnement des troupes. La majorité d’entre eux vont alors rejoindre les compatriotes qui ont décidé d’œuvrer à l’effort de guerre. Plusieurs industriels avaient déjà anticipé le mouvement en démontant les installations de leurs usines et ateliers et en les transportant de l’autre côté de la Manche. C’est le cas de M. Pélabon (Photo en médaillon).

Charles Pélabon, est issu d’une famille du sud-ouest de la France. Un de ses membres s’était engagé en tant que soldat dans l’armée royale et fut mis en garnison dans les Pays-Bas, au XVIIIe siècle. Il contacta mariage et s’établit définitivement à Villers-Pol (Nord) où il travailla dans les mines de charbon. Au cours du temps, plusieurs branches de cette lignée parvint à accéder à un niveau social supérieur à celui d’ouvriers mineurs et s’établit en Belgique dès le début du XIXe siècle. Charles (1881-1958) avait un frère aîné, Désiré, et tous deux décrochèrent un diplôme d’ingénieur. Charles obtint celui d’ingénieur des Mines à Mons. Les deux frères sont à l’origine d’une dynastie d’industriels influents et dynamiques dans le secteur de la métallurgie. C’est eux qui sont à la base des sociétés comme la « Franco-Belge » installée à Raismes à partir de 1881, les ANF (Ateliers du Nord de la France) à Crespin à partir de 1882, et l’usine de matériel électrique de Jeumont créée en 1898 par la société belge Hydraulique et Electricité.

Juste avant que le conflit mondial n’éclate, Désiré s’occupait de l’ANF comme ingénieur, tandis que Charles dirigeait une affaire de matériel de mines : la Franco-belge de construction et d’outillage à air comprimé, située à Ruysbroek, dans la région bruxelloise. La guerre sépare les deux frères : Désiré est fait prisonnier et Charles se replie en Angleterre, grâce au soutien du gouvernement belge à qui il avait proposé de transporter ses machines et son personnel en vue d’œuvrer à l’effort de guerre. Le 7 octobre, à la veille de l’entrée des Allemands dans la cité d’Anvers, avec ses ouvriers qui l’ont accompagné dans l’aventure, il rejoint rapidement l’Angleterre. Il trouve un hangar sur les bords de la Tamise et y installe une unité de production d’obus et de munitions.

14-18 à Rebecq

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Les usines Pelabon à Richmond, sur les bords de la Tamise, près de Londres (Photos: National Library, London)

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L’usine de Charles Pelabon, à Richmond (Photos: National Library, London)

Les fameux « Pelabon Works » sont installés à Richmond, dans la banlieue londonienne. L’usine est moderne, avec ses laboratoires, ses unités de production de munitions, elle est dotée de systèmes révolutionnaires pour l’époque de lutte contre les nuisances qu’elle peut produire. Même les murs extérieurs sont peints de couleurs gaies. Il faut préciser que Richmond est une ville d’eaux et que les Anglais voient d’un œil inquiet l’installation d’entreprises de grandes dimensions qui risquent de défigurer le paysage de leurs lieux de villégiature préférés.

Très vite, les expatriés belges affluent vers les ateliers, afin d’y trouver un travail rémunérateur. Plus de 2.000 ouvriers y travaillent dans une ambiance des plus agréables, malgré le rythme de production soutenu demandé au personnel. Conjointement à l’installation de l’usine, Charles Pélabon fait construire des habitations simples mais fonctionnelles destinées à loger les familles des ouvriers. On comptera plus de 215.000 belges, vivant dans la nouvelle cité. Une « petite Belgique » se constitue, avec ses magasins, ses écoles et toutes les fonctionnalités qu’offre une cité de ce type.

Richmond n’est pas un cas unique : d’autres entreprises belges destinées à fournir du matériel militaire voient le jour chez nos alliés. Près de Newcastle à Birtley, la « Nationale Projectile Factory », produit plus de 15 000 obus par semaine sur un site baptisé « Elisabethville », tandis qu’une fabrique d’explosifs est créée près de Birmingham. Grâce à ces dispositions, les relations entre Britanniques et expatriés belges demeurent bonnes et respectueuses de part et d’autre. L’hospitalité admirable des Anglais a été pour les Belges exilés une marque d’amitié réellement bénéfique pour eux, même si les différences et les particularités des deux nationalités risquaient d’altérer le climat serein qui régnait jusqu’alors.

14-18 à Rebecq

14-18 à Rebecq

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Des centaines de Belges ont participé à l’effort de guerre, en Angleterre (Photos: National Library, London)

* Gaston Lefèbvre était le fils du brasseur Auguste Lefèbvre, dont la brasserie sise à Quenast continue toujours à produire


Sources :
- Carnets de guerre de Gaston Lefèbvre
- Une cite belge sur la Tamise. Justin Wallon (pseudonyme de P.Gerardy). Librairie Moderne, Bruxelles.
- Stangers in a strange land. Belgian refugees 1914-1918. Davidsfond. Leuven. 2004.
- Les Etablissements d’artillerie belge pendant la guerre. Commandant Willy Breton, Editeurs Berger-Levrault, Paris 1917.
- Médecins de la grande guerre. Dr Loodts P .Site Internet- 2000-2005. (* Le site « Médecins de la Grande Guerre » est un ensemble exceptionnel de documents et de témoignages de l’époque. A conseiller à tous!) * Les photos illustrant cet article proviennent de ce site.

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