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1917-1918 Les expatriés français à Rebecq et à Quenast

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Logo Rebecq
Avec le soutien de la commune de Rebecq

Au cours des deux dernières années d’occupation ennemie, le Brabant donna l’hospitalité à plus de 150.000 évacués français.

Un premier convoi arriva fin mars 1917 venant de la région de Lens (F-62) ainsi que de celle de la Somme. Dès l’annonce des évacuations, le Comité National de Secours transmit aux Comités Provinciaux le soin de prendre les mesures nécessaires afin que les évacués reçoivent en tous lieux toute l’assistance dont ils avaient besoin. Un comité fut constitué en Brabant et les évacués y furent représentés par plusieurs délégués. Les administrations communales furent chargées de loger et d’installer ces personnes, les secours et l’alimentation étant dans les attributions du Comité Provincial et des comités locaux. Des rations alimentaires supplémentaires furent, en outre, fournies par le Comité du Nord de la France. Enfin, l’organisation de la « soupe populaire » fut rendue obligatoire dans toutes les communes où résidaient des évacués.

Ceux qui ne purent être logés chez l’habitant pour cause de maladie, d’infirmité ou de vieillesse furent placés dans les hôpitaux, hospices ou établissements assimilés reconnus par le Comité Provincial. Tous les frais furent pris en charge par ce même comité. On s’organisa aussi afin d’héberger les orphelins et regrouper dans la mesure du possible les familles dispersées.

rebecq

rebecq

Transfert des réfugiés du Nord de la France vers la Belgique

Une partie des évacués français de 1917 (environ 20.000) venait d’être rapatriée lorsque l’autorité allemande signala l’arrivée de convois qui ne devaient faire qu’un court séjour chez nous et rejoindre via la Suisse la France non-occupée. On avait promis à ces gens une quarantaine de huit jours au maximum ! Il en résulta qu’au cours des trois premiers mois de 1918, 25.634 « évacués français de passage » débarquèrent en Brabant. Si 11.817 d’entre eux furent rapatriés après quelques semaines, 13.817 restèrent ici jusqu’au début septembre 1918.

En octobre 1918, on annonce au Comité Provincial de Secours que 200.000 personnes sont en marche vers le Brabant. Elles proviennent de l’arrière des zones de combats. Si ce chiffre était exact au départ, beaucoup de ces malheureux n’arrivèrent pas à destination du fait d’une évacuation sans ordre ni méthode, dispersion en cours de route, et une mortalité importante. Ils marchaient en colonnes; les hommes de 16 à 60 ans issus de la région de Lille en composaient quelques unes.

Les quelques militaires allemands qui escortaient ces convois ne purent empêcher la débandade. En quelques jours, 70.000 personnes passèrent par Nivelles d’où ils repartaient vers Bruxelles ou la Hollande. Ce fut une belle pagaille laissant sur le carreau plus de 700 personnes décédées de maladie et de misère. Les plus petits villages du Brabant firent l’impossible afin d’aider ces pauvres gens. On transforma les églises et les salles publiques en dortoirs, car bien sûr, les Allemands se réservaient le logement chez l’habitant. La ville de Nivelles logea plus de 10.000 évacués. Cet épisode douloureux de la guerre 14-18 est évoqué dans le compte-rendu des opérations du Comité Provincial de Secours et d’Alimentation du 31 décembre 1918 d’où j’ai tiré les renseignements qui précèdent.

Notons, maintenant ce qui se passa à Rebecq et à Quenast. Tout d’abord, les comités locaux :

Waterloo

Waterloo

Commençons par Rebecq-Rognon où le 29 avril 1917, arrivent 696 évacués de Courrières (F-62), soit plus de 270 familles ; 47 évacués de Noyelle (F-62) et 7 personnes de Hennin-Liétard. Le 19 mai suivant, 267 personnes originaires de Montigny en Gohelle (F-62) arrivent de Quenast portant ainsi à plus de mille personnes logées à Rebecq.

Des convois de retour sont organisés : le premier est daté du 18 septembre 1917 tandis qu’un second part le 12 décembre de la même année. Ces convois ne concernent qu’une partie des Français hébergés chez nous. Certaines familles de Courrières resteront ici jusqu’après l’Armistice ! (Leur retour se fera le 23 décembre 1918). C’est le cas de la famille Darleux, dont le père était le délégué des évacués français auprès du Comité local de Secours. Une de ses filles éveilla chez un jeune étudiant en droit rebecquois des tendres sentiments. Quelques années plus tard, Julienne Darleux épousa Rodolphe Bartholomé qui sera Bourgmestre de Rebecq pendant la deuxième guerre mondiale.

La vie s’organisa, avec l’aide de la Province (voir chapitre 1). Des soins sont prodigués à ceux qui en ont besoin, on distribue des galoches et des semelles,

Waterloo

L’aide apportée par le Comité de Secours aux réfugiés français fut un bienfait pour les infortunés exilés que nous hébergions

La majorité des évacués français étaient rentrés en France, lorsque le 9 février 1918, un convoi de 200 personnes débarque à Rebecq. Originaires des villages d’Etricourt, Templeux, Epchy, Liéramont, Guillemont, Sohet-le-Petit, Berlaimont, Duencourt, Feuilles, etc., ces gens fuient les combats qui font rage dans leur région. On compatit à leur détresse et on les accueille le mieux possible. Ils restent à Rebecq quelques temps. Certains reprendront la route du retour le 15 mai 1918, d’autres le 3 juillet et le 29 septembre suivant et le dernier contingent regagnera sa patrie en décembre 18.

Bien sûr, Rebecq subit aussi la pagaille d’octobre 1918, engendrée par la retraite des Allemands en fuite. C’est après que l’on vit arriver les soldats anglais qui furent cantonnés à Rebecq et à Quenast. Courrières reste vivace dans le souvenir des personnes ayant connu cette époque. Et ce souvenir resurgit au moment où on ne l’attend pas. Jugez plutôt : En 1999, le Cercle d’Histoire de Rebecq publie le livre « L’entité de Rebecq » dans la série « Mémoire en image », aux éditions Tempus Publishing. Le metteur en page tombe amoureux de quelques photographies anciennes et en sélectionne deux pour leur caractère. Après la visite d’habitants de Courrières à la recherche de traces de leurs parents à Rebecq, je reçois la photo suivante :

Waterloo

Ainsi donc, ce que je prenais pour une publicité de l’époque était en fait la photo d’un évacué originaire de Courrières abandonnée au fond d’un tiroir et que personne n’avait pu identifier jusqu’au jour où…Le personnage de la photo de gauche nous était inconnu jusqu’à ce que nous recevions celle de droite mentionnant qu’il s’agit de Henri Carpentier, originaire de Courrières (France), né en 1850 et décédé en 1919, transporteur de charbon. Monsieur Raymond Carpentier, de Courrières nous a envoyé d’autres photos de sa famille que nous reproduisons ici.

Mais, revenons à notre propos et lisons ce qu’un quenastois raconte sur la vie à Quenast au temps des évacués (extrait du carnet de Gaston Lefèbvre) :

Le 29 avril 1917 : Arrivée de 857 évacués venant de Hénin-Liétard et de Montigny-en-Gohelle.
Le 19 mai 1917 : 267 personnes (surtout venant de Montigny) sont dirigées sur Rebecq.
Le 18 septembre 1917 : (conjointement avec Rebecq) Une partie des évacués (376) marche vers Clabecq (6 km de Quenast) afin de rentrer au pays via la Suisse. Ce rapatriement est quasi général en Belgique.
Le 9 février 1918 : 445 évacués du Nord de la France arrivent à Quenast.
Fin janvier 1918 : 150 prisonniers italiens arrivent à Quenast. (*)
Le 3 juillet 1918 : Retour des réfugiés français an France via la Suisse.
Le 4 octobre 1918 : Arrivée à pieds depuis Lille de plus de 200 évacués au milieu de la pagaille engendrée par la retraite allemande. Ils seront suivis de milliers d’autres qui seront répartis dans toute la province.
Tous les jours des personnes fuyant les combats du Nord de la France débarquent en gare de Braine-le-Comte (8 km de Quenast). On convertit les églises en asiles d’accueil.
Octobre 1918 : C’est aussi la grippe espagnole.
Le 16 octobre 1918 : Encore une arrivée d’évacués. Les Allemands occupent le village.
Le 19 octobre 1918 : A cause de l’avance des Alliés, 1000 évacués arrivent à pieds à Quenast.
Le 21 octobre 1918 : Libération de tous les prisonniers politiques détenus en Belgique et en Allemagne. Voilà une bonne nouvelle, suivie d’une mauvaise.
Le 26 octobre 1918 : Des affiches placardées dans tout le pays obligent les hommes de 17 à 35 ans, aptes à porter (sic) à se présenter à l’Autorité Allemande ! On peut se munir d’un bagage. Suite à cela, Hal et Lembeek sont « évacués », Saintes a un délai de trois jours pour fournir les personnes demandées. A Quenast, Rebecq et Tubize, personne ne se présente. Messieurs les Allemands, il faudra faire votre sale boulot vous-même ! Ce qu’ils font le 28 octobre à Tubize : 70 hommes sont emmenés.
Le 29 octobre 1918 : Les personnes réquisitionnées à Tubize sont conduites vers Jemappes via Braine-le-Comte (les Allemands ont besoin de main d’œuvre au front).
Le 30 octobre 1918 : Capitulation de la Turquie. Hal et Lembeek enterrent leurs morts (épidémie, etc.). On établit un champ d’aviation entre Hal et Tubize.
Le 4 novembre 1918 : Capitulation de l’Autriche-Hongrie.
Le 5 novembre 1918 : Les Allemands minent les ponts de la région. Le 7 novembre 1918 : Finies les rafles, les Allemands retournent chez eux. Les charrois se multiplient chargés des marchandises pillées et d’artillerie
8 novembre 1918 : Passage d’Allemands qui ne veulent plus se battre (en voilà, une bonne idée !) sous la garde de soldats…allemands.
Le 9 novembre 1918 : scènes de retraite.
Le 11 novembre 1918 : des trains de marchandises destinés pour le front sont pillés par les habitants en gare de Quenast.
A 11 heures : Armistice… Relâche des prisonniers.
Le 13 novembre 1918 : Départ de Jean, le dernier des évacués français de Quenast. Il rejoint les milliers qui rentrent chez eux. Les Allemands passent de plus en plus vite pour rentrer chez eux.
Le 18 novembre 1918 : Les Anglais sont là !

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Arrivée d’un convoi de réfugiés français à Nivelles en 1918. Ils seront emmenés vers Bruxelles et la Hollande (Photo: Rewisbique)

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L’église de Jodoigne fut convertie en centre d’hébergement pour les réfugiés français, les places libres chez l’habitant ayant été réquisitionnées en général par l’occupant

J’ai résumé cette période, mais le récit de Gaston ne s’arrête pas là…

(*) Les prisonniers italiens furent secourus par la population locale car ils n’avaient pas droit aux secours prévus pour les évacués.

Deux comités de secours furent formés : un à Quenast, l’autre à Rebecq-Rognon. Les noms de ceux qui en firent partie nous sont connus. Le Rewisbique publiera ultérieurement un dossier complet à ce sujet. Toutefois, on peut dire que J. Liévin, alors secrétaire communal de Quenast écrivit une longue lettre à la colonie italienne de Bruxelles en souvenir du séjour de ses compatriotes à Quenast. Cette lettre sera reproduite in extenso dans notre prochaine revue.

Notes : Si les chiffres avancés relatifs aux évacués français sont précis, c’est parce qu’il existe les listes complètes établies par les administrations communales de l’époque. Pour toute consultation, prière de s’adresser au Rewisbique.

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Un groupe d’hommes courriérois (n°1: Auguste Carpentier, boucher. - n°2: Guillaume Carpentier, tonnelier)Photo: Raymond Carpentier

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A gauche: Emilie (1) et Louise Carpentier (2) à Rebecq - A droite: Marcel et Paul Carpentier à Tongres

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Jeunes hommes de Courrières, Montigny-en-Gohelle et Berlaimont en captivité à Tongres

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A gauche: Mathilde , fille de Guillaume Carpentier - A droite: Rose , fille de Guillaume Carpentier

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L'exil des Français à Rebecq et Quenast a permis l'échange culturel entre les deux populations: les jeunes se rencontraient pour des séances de musique, entre autres

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Paul Carpentier avec le fermier Deru, dans la ferme du chemin du Stoquois

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Mathilde Druart, courriéroise de retour en France avec une amie file au rouet.
A droite, elle pose avec les libérateurs britanniques, à Courrière

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