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Les paroisses de l'entité de Rebecq en 14-18

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A l'occasion du centenaire du début de la Grande Guerre, les AGR ont procédé à la numérisation d’un certain nombre de documents relatifs aux paroisses belges pendant la Première Guerre Mondiale et à leur publication sur le site Internet des Archives Générales du Royaume. Il s’agit des rapports de ce qu’ont subi les paroisses pendant la période 14-18, demandés par l’archevêché de Malines, aux curés des églises de Belgique, afin d’avoir un état général de la situation des diocèses après quatre années d’un conflit qui a causé tant de dommages au sein de la nation belge.

Ces fameux rapports sont normalement rédigés selon un questionnaire bien précis qu’avait reçu chaque responsable de paroisse. Ces documents sont une source de renseignements qui nous permettent d’apporter un éclairage nouveau sur ce qu’a été la situation de nos communes durant cette tragédie, et surtout nous donne une idée des immenses efforts qu’ils fallut déployer pour redonner au pays une structure normale, après tant de dégâts occasionnés par l’envahisseur, qui, lui, s’en était retourné chez lui, où les villes et les villages n’avaient pas été bombardés, où l’industrie n’avait pas été démantelée, etc.

Les Allemands comptaient peut-être des milliers de tués et d’invalides, mais, finalement, on ne leur avait pas demandé de venir se livrer chez nous au saccage et à la destruction de notre patrie, ni aux exactions auxquelles ils se sont livrés en déportant tant de civils dans des conditions inhumaines, en en assassinant d’autres innocents, et je n’évoquerai même pas ce qui s’est passé sur les champs de bataille, tant dans les plaines de Flandre, que dans la Somme ou en Ardenne.

Selon la nature des faits relevés dans chaque paroisse, ces rapports se présentent diversement suivant la propension des curés à rédiger des textes. Si certains d’entre eux ont répondu au questionnaire en quelques lignes, d’autres ont produit de véritables œuvres d’art de calligraphie qui apparaissent comme d’excellents reportages dans lesquels on trouve des détails souvent oubliés, qui confirment ou infirment certaines idées reçues, mais enrichissent notre connaissance des événements survenus voici cent ans. A l’inverse de beaucoup de communes situées à l’est, entre Bruxelles et Liège, nos villages de l’ouest du Brabant n’ont pas eu trop à souffrir de l’invasion proprement dite. On est loin des carnages relevés à Visé, Soumagne, Heure-le-Romain, Liège, Namur, Andenne, Tamines, Dinant, etc. Nous n’avons pas eu à déplorer les tragédies qu’ont vécues les localités traversées par les cohortes teutonnes. Mais, à l’instar de tous nos compatriotes, nous eûmes à subir l’occupation, les contraintes et les restrictions imposées par l’ennemi, les déportations, etc.

Je me suis borné à reproduire de manière succincte, les informations que les prêtres de nos villages (Bierghes, Quenast, Rebecq et Wisbecq) nous ont laissées. Elles figurent dans la cette page. Dans la une autre, je reprends les données relatives aux cloches des cinq églises que compte l’entité rebecquoise. Un bref exposé concernant les tribulations de ces cloches termine mon propos.

Wilfred Burie
Sources: Revue Rewisbique décembre 2014

paroisses en 14-18

Le questionnaire auquel les prêtres des paroisses devaient répondre (Archives Générales du Royaume)


Synthèse des rapports établis en 1919,
par les curés des paroisses de l’entité de Rebecq



Bierghes - (Curé: Adrien Vanden Hulet)

paroisses en 14-18

Rapport des événements survenus en période de guerre au sein de la paroisse.

Si tous les curés des paroisses de la région ont eu la possibilité de lire le message de la lettre pastorale « Patriotisme et Endurance » du Cardinal Mercier (Photo en médaillon), les prêtres de Bierghes et Saintes en ont été empêchés par l’autorité allemande, dès le deuxième dimanche de sa publication.
Le doyen de Tubize note cependant que dès que l’interdiction de la lecture de la lettre épiscopale fut promulguée et la confiscation des exemplaires détenus par le clergé belge fut ordonnée, nombreux paroissiens des églises de Belgique s’employèrent à en recopier le texte afin que d’une manière ou d’une autre, les ouailles aient l’occasion d’entendre le message de courage et de persévérance de l’Archevêque de Malines.
(D’après la lettre du Doyen de Tubize à S. E. Mgr Cardinal Mercier du 26 janvier 1915)





Quenast - (Curé : A. Devos)

Rapport des événements survenus en période de guerre au sein de la paroisse.
Il n’est relevé aucun rapport.



Rebecq - (Curé : J. Dacosse)

paroisses en 14-18

Rapport des événements survenus en période de guerre au sein de la paroisse.

N° 2 : Lors de l’invasion, l’ennemi est entré sur le territoire de Rebecq, la consternation est générale. Il n’y a pas eu de combats ou de destructions, les troupes allemandes n’ont fait que traverser la commune, se rendant, semble-t-il vers Braine-le-Comte, par la Genette ou Steenkerque. Rien de spécial à signaler
N° 3 : Nos soldats sont partis pleins d’enthousiasme ; il y a eu quelques engagements volontaires.
N° 4 : Au début de la guerre, les offices ont été mieux suivis qu’antérieurement ; la sainte messe mieux fréquentée et les communions beaucoup plus nombreuses.
N° 5, 6, 7 : On a pris des otages à Rebecq pour une nuit suite à une escarmouche entre troupes belges et allemandes, à Hennuyères. Les Belges étaient venus faire sauter le pont de la ligne ferrée Bruxelles-Braine-le-Comte. Les Allemands, sous prétextes divers, ont perquisitionné à la recherche d’armes, terrorisé les gens, etc. A part cela, rien de spécial.
N° 8 : Il n’y a pas eu de violences particulières à signaler.
N° 9 : Un aumônier allemand est venu par trois fois faire un sermon aux soldats et leur donner les saints Sacrements.
La liberté du culte a été accordée, sauf qu’il était interdit d’arborer le drapeau national aux processions et de chanter des hymnes patriotiques.
Les 1ères communions : 1913 : 87 ; 1914 : 86 ; 1915 : 79 ; 1916 : 67 ; 1917 : 62 ; 1918 : 62 ; 1919 : 73.
En 1915, les R.P. Rédemptoristes de St-Joseph, à Bruxelles sont venus prêcher une mission de dix jours qui a très bien réussi. La moralité publique est excellente.
Les écoles libres n’ont jamais été occupées par les soldats allemands, sauf deux jours, lors de leur lamentable retraite. Elles n’ont jamais fermé, malgré une ordonnance de fermeture. Le français a seul été usité. L’inspection ordinaire s’est normalement faite et il n’y a pas eu d’inspection extraordinaire.
Les subsides ont été versés en partie pour 1914 par un envoyé spécial du gouvernement, et en partie (en 1915) par le Comité National. A l’heure actuelle, il n’y a pas un centime de versé pour 1918. Un de nos instituteurs libres, Albert Paulus de Longueville est parti au front en octobre 1914. Il a été remplacé par Jules Botteman, diplômé. M. l’abbé Mertens a été remplacé par M. l’abbé Stevenarden 1915. M. Camille Denays, instituteur, nommé ailleurs, a été remplacé par Melle Marthe Potvin, qui a été elle-même remplacée par M. Valentin Collin, diplômé à Bruxelles, rue des Quatre Vents. M. Georges Hubin a quitté fin décembre 1916 et a été remplacé par Melle S. Girboux, institutrice diplômée, qui a été elle-même remplacée en septembre 1918 par M. Maurice Ernault, diplômé.
Le patronage a été très peu suivi, à cause de la terreur qu’éprouvaient les parents et que provoquait l’occupant allemand. Il y avait environ 170 soldats allemands cantonnés dans l’école communale des filles. L’école d’adultes a été interrompue quelques temps, puis a repris sous forme dominicale. Les œuvres de charité ont cessé de fonctionner par suite d’un arrangement entre les présidents des associations de bienfaisance, en vue de favoriser le Comité de Secours et d’Alimentation.
Le 16 novembre 1916, a eu lieu à Tubize, l’enlèvement et la déportation de plus de 400 ouvriers et employés rebecquois. Les Boches, munis d’une liste, ont enlevé comme des esclaves tous ces « chômeurs », qui y figuraient, à l’exception de quelques malades et d’audacieux qui n’ont pas répondu à l’appel de leur nom. Nul ne sait d’où venait cette liste.
Neuf de ces braves sont morts en Allemagne. Il s’agit de Omer Trésignies, marié, père d’un garçon ; Etienne Mahy, Léon Menu, Alphonse Gorel, marié, père d’une fille ; Jean-Baptiste Boulanger ; Joseph Nonglaire, marié, père d’une fille ; Auguste Lenclud ; Jules Detry, marié, père d’un garçon, Alphonse Lange.
Cinq sont morts d’épuisement après leur rapatriement : Emile Houchon, marié et père d’une fille. Il est mort deux jours après son retour. Lorsqu’il est revenu, il ne pouvait plus marcher, il fallait le soutenir de chaque côté ; Fernand Ernault, marié et père de deux enfants ; Léon Wilmus, Jules Timmermans ; Emile Degrève, sans compter ceux qui vont suivre…

paroisses en 14-18

La photo de Léon Houchon, mort à son retour de Soltau et de son épouse, décédée deux mois après. Les noms des déportés de 1916 sur le monument aux morts. (Photos: Archives Rewisbique)


Il s’est formé un Comité de secours composé de deux catholiques (dont M. le curé, qui a donné sa démission par esprit de conscience, après la fameuse date du 16 novembre 1916), d’un socialiste et de six libéraux, presque tous membres de l’administration libérale-socialiste. En somme, triste comité !
M. l’abbé Stevenard s’est vu infliger une amende de 30 marks (ou cinq jours de prison), pour avoir apporté 3 kg de beurre à sa mère.
N° 10 : Parmi les militaires appelés sous les drapeaux, il y avait deux médecins et un instituteur. Il y a eu 13 engagés volontaires, dont deux instituteurs.
18 ont été tués à la guerre ; 2 sont morts pendant la guerre ; 3 sont estropiés ; 3 sont morts en Allemagne ; 1 est mort en Hollande. Total : 24 morts et 3 estropiés.
En 1913, il y eut 60 naissances et 70 décès.
En 1914, il y eut 73 naissances et 46 décès.
En 1915, il y eut 55 naissances et 48 décès.
En 1916, il y eut 41 naissances et 66 décès.
En 1917, il y eut 37 naissances et 89 décès.
En 1918, il y eut 38 naissances et 118 décès.
N° 11 : Il n’y a pas eu de perquisitions à l’église, ni au couvent (hospice). Un officier allemand, assisté d’un civil est monté dans la tour pour faire l’inventaire des cloches. La clef de la tour lui a été fournie par l’administration communale, M. le curé lui ayant refusé d’ouvrir.
N° 12 : Rien de spécial, sinon qu’on accuse une partie du Comité de Secours et l’administration communale d’avoir donné la liste des chômeurs en 1916.
Le jour de l’armistice, à 11h du matin, les cloches ont commencé à sonner la joie de la libération, pour ne cesser qu’au soir, et cela, au grand ébahissement des Teutons. Il y eut de grandes manifestations, plus de 1000 personnes ont parcouru la commune, musique en tête. Le 12 novembre, les derniers Allemands sont passés par Rebecq pour s’en retourner en Allemagne. Quinze jours après, les troupes canadiennes sont arrivées dans la commune. Les libérateurs ont été reçus avec beaucoup d’enthousiasme par la population. Il y a eu des réjouissances publiques, un concert donné par la musique militaire canadienne, suivi d’un bal populaire.
Vers le 19 décembre 1918, les troupes anglaises sont arrivées. Environ 2000 soldats de l’artillerie de campagne composaient la troupe. Plût à Dieu qu’ils ne fussent jamais entré dans la paroisse ! Quel désastre moral et religieux ! C’est désolant ! ce fut le début de la désertion de l’Eglise et des Saints-Sacrements.
Le 18 novembre un service solennel d’action de grâce a été chanté avec Te Deum, le 19 novembre, un service solennel pour le repos des âmes de nos soldats tombés au champ d’honneur.
Un monument commémoratif en pierre sera placé à côté de la porte d’entrée de l’église. L’administration communale a demandé de pouvoir disposer du terrain entouré d’un grillage, près du grand portail, pour y placer le monument.



Wisbecq (Saintes) - (Curé : E. Moreaux)

paroisses en 14-18

Rapport des événements survenus en période de guerre au sein de la paroisse.

Lors de leur premier passage, les habitants ont dû loger les troupes ennemies. L’attitude des soldats a été dans l’ensemble, convenable, excepté dans les maisons dont les propriétaires s’étaient enfuis. Les soldats ont emporté tout ce qui leur était utile. Par la suite, l’autorité communale a dû mettre en permanence des logements à disposition des envahisseurs, pourvoir à leur installation et à leur entretien.
Un prêtre allemand est venu faire un prêche pour les soldats catholiques, une fois par mois, et un local a dû être mis à la disposition de ceux qui suivaient le culte protestant.
La procession de la Fête-Dieu et celles des Rogations se sont déroulées normalement, tandis que les curés ont supprimé les processions de kermesse.
L’assistance aux offices et la fréquentation des sacrements, plus assidues au début de la guerre sont retombées à leur niveau habituel.
Quelques filles ont eu des relations coupables avec des soldats allemands.
Les ouvriers n’ont jamais été déportés.
Les fermiers ont subi les réquisitions habituelles en nourriture pour chevaux, blé et pommes de terre.
Il en a été de même pour les réquisitions de cuivre et de laine.
Les militaires belges appelés sous les drapeaux ou engagés volontaires sont au nombre de 95.
Il y a eu 7 tués à la guerre, 1 estropié et 1 soldat mort en Allemagne
Rapport établi par J. Tassenhoye, curé de Saintes

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Les rapports des responsables des paroisses de Bierghes, Rebecq et Saintes (Wisbecq), tels qu'ils ont été envoyés à l'évêché de Malines, en 1919.
(Archives Générales du Royaume)

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